BIBLIOTHèQUE DE THÉOLOGIE HISTORIQUE
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DES PROFESSEURS DE THÉOLOGIE
A L’INSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS
LA THÉOLOGIE
DE
SAINT HIPPOLYTE
PAR
ADHÉMAR D’ALèS
PRêTRE
PARIS.
1906.
L’histoire intellectuelle de Rome chrétienne, durant les siècles voisins des origines, offre peu de noms illustres; et son docteur le plus marquant, Hippolyte, l’Origène romain, n’a laissé lui-même qu’un souvenir équivoque. D’orthodoxie suspecte, et livré de bonne heure à l’oubli, il n’en devait sortir tardivement qu’au prix d’étranges métamorphoses; si bien que, lorsqu’on entreprend de restituer sa pensée, on doit commencer par le disputer à la légende. Personnage énigmatique, presque ignoré de l’Occident, auquel pourtant il appartient, il se présente au contraire dans la tradition orientale avec une multiple auréole : docteur, évêque, martyr. De ses très nombreux écrits, on ne possédait naguère que des lambeaux. L’édition donnée au commencement du dix-huitième siècle par Fabricius pouvait passer en son temps pour une merveille : aujourd’hui, nul ne saurait s’en contenter. La Question d’Hippolyte a été entièrement renouvelée par une série de découvertes remarquables, qui s’allonge encore de nos jours. A la suite de la publication des Philosophumena, Doellinger a, le premier, avec autant de sûreté que de hardiesse, marqué l’unité historique du personnage d’Hippolyte, dans un livre qui domine tous les travaux postérieurs. Depuis lors, l’épigraphie a éclairé certains détails mystérieux de la tradition occidentale ; MM. N. Bonwetsch et H. Achelis, viennent de nous rendre le Commentaire sur Daniel et d’autres fragments précieux; M. A. Bauer, une bonne partie du texte original de la Chronique. En attendant les surprises que nous réservent peut-être encore les éditeurs de Berlin, il est possible de jeter un regard d’ensemble sur la carrière de cet homme, remarquable à plus d’un titre. Nous l’essayerons dans ces pages, où nous ne prétendons pas retracer méthodiquement tout le travail critique accompli depuis un demi-siècle autour d’Hippolyte, ni même inventorier toutes les sources de son histoire.
Nous interrogerons successivement, sur la personne et sur l’oeuvre d’Hippolyte, la tradition littéraire, puis la tradition hagiographique, enfin le livre des Philosphumena, qui mérite dans cette étude une place à part.