Quote. Louis Bukowski. La réincarnation selon les Pères de l’Eglise. 1928.
Carpocrate, originaire d’Alexandrie, enseignait vers la moitié du deuxième siècle, que toute chose prend son commencement dans un être inconnu et sans nom. De cet être émane la multitude des esprits. Une partie de ces esprits se révolta et créa le monde visible. Primitivement, les âmes humaines n’avaient pas de corps et c’est comme châtiment de leur péché qu’elles furent enfermées dans des corps humains. Elles ne peuvent atteindre le bonheur que par le retour à leur existence primitive. Pour y parvenir, elles ont le souvenir de leur ancien état et le mépris de tous les droits du monde visible, institués par les démons. C’est pourquoi chaque âme humaine doit passer par toutes les épreuves et s’exercer à toutes les fonctions, même à celles qui sont reconnues comme mauvaises, car il n’y a pas moralement de différence substantielle entre le bien et le mal, cette différence n’existe que dans la pensée humaine. Si, pendant une vie terrestre, l’âme n’a pas tout éprouvé, elle doit, en quittant son corps, se réincarner successivement, « jusqu’à ce qu’elle ait payé le dernier quart d’un as » (Mt., 5, 26). C’est dans ces mots du Christ que Carpocrate trouvait la confirmation positive de sa théorie.
Saint Irénée, se conformant à la méthode de son adversaire, base sa critique, partie sur la raison, partie sur les textes bibliques. Pour repousser le principe antinomistique de Carpocrate, qui nie la différence substantielle entre le bien et le mal, le saint évêque trouve suffisant de rappeler que le Christ a absolument défendu, non seulement l’accomplissement, mais même le désir de certains actes, qu’il a menacé de damnation éternelle ceux qui les commettent, et que, par contre, il promettait pour d’autres oeuvres la récompense de la béatitude éternelle.
Contre la réincarnation, il en appelle à l’expérience, notamment au manque absolu de souvenir de la vie antérieure. Si les âmes passaient réellement d’un corps dans un autre, elles devraient conserver le souvenir de leur vie précédente dans tous ses détails, autrement elles se trouveraient exposées, en revivant la même vie, à répéter inutilement tout ce qu’elles ont déjà accompli.
Un tel manque de souvenirs serait de plus incompréhensible. L’homme se souvient de ses songes, même quand le sommeil est très court ; comment ne se souviendrait-il pas de ce qu’il a accompli à l’état de veille pendant toute la durée de sa vie antérieure?
Louis Bukowski. La réincarnation selon les Pères de l’Eglise. Gregorianum, Vol. 9, No. 1 (1928), pp. 75-76.
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